Le 5 mars 2024 restera comme le jour où Facebook a connu une panne mondiale , des milliards d’utilisateurs perdus.
Mais pour certains, cette coupure a été l’occasion de faire des découvertes surprenantes. C’est le cas de Kevin, un jeune homme de 25 ans qui vit à Rennes, en Bretagne.
Kevin est un accro de Facebook depuis son adolescence.
Il passe des heures chaque jour à consulter son fil d’actualité, à liker des publications, à commenter des photos, à partager des vidéos et à jouer à des jeux en ligne. Il a plus de 5000 amis virtuels, mais il ne connaît pas la plupart d’entre eux. Il n’a pas de contact avec sa famille, qu’il a perdue de vue depuis longtemps. Il se sent seul, mais il se console en se disant qu’il a une vie sociale sur Facebook.
Mais le 5 mars, tout bascule.
Vers 10 heures du matin, il se connecte à Facebook comme d’habitude, mais il tombe sur un message d’erreur : “Nous rencontrons actuellement des problèmes techniques. Veuillez réessayer plus tard.” Il pense d’abord à un bug passager, mais il se rend vite compte que le problème est généralisé. Il essaie de se connecter sur son téléphone, sur sa tablette, sur son ordinateur, mais rien n’y fait. Il est coupé du monde.
Il commence à paniquer. Il ne sait pas quoi faire de sa journée. Il n’a pas d’autre activité, pas d’autre passe-temps, pas d’autre centre d’intérêt. Il se sent vide, inutile, déprimé. Il se dit qu’il n’a plus de raison de vivre.
Mais il va bientôt changer d’avis.
En effet, vers midi, il entend sonner à sa porte. Il ouvre, et il voit un homme et une femme d’une cinquantaine d’années, accompagnés de deux enfants. Ils ont des valises à la main. Ils lui sourient.
“Bonjour, Kevin, nous sommes tes parents !”, lui dit l’homme.
“Et voici ton frère et ta sœur !”, ajoute la femme.
Kevin est stupéfait. Il ne reconnaît pas ces gens. Il ne se souvient pas d’avoir une famille. Il les regarde avec méfiance.
“Qu’est-ce que vous me voulez ?”, leur demande-t-il.
“Nous sommes venus te rendre visite, Kevin. Nous avons appris que Facebook était en panne, et nous nous sommes dit que c’était l’occasion de renouer le contact avec toi. Ça fait si longtemps que nous n’avons pas eu de tes nouvelles !”, explique l’homme.
“Tu sais, Kevin, nous t’aimons. Nous regrettons de t’avoir laissé partir quand tu as décidé de couper les ponts avec nous. Nous comprenons que tu aies voulu vivre ta vie, mais nous espérons que tu ne nous en veux pas trop. Nous voulons juste te dire que nous sommes là pour toi, que nous sommes ta famille, et que nous voulons te connaître mieux.”, poursuit la femme.
Kevin est abasourdi.
Il ne sait pas comment réagir. Il se sent envahi, mais aussi curieux. Il se demande si ces gens disent la vérité, s’ils sont vraiment ses parents, son frère et sa sœur. Il se demande pourquoi ils sont venus le voir maintenant, après tant d’années. Il se demande ce qu’ils attendent de lui.
Il hésite, puis il leur fait signe d’entrer. Il les invite à s’asseoir sur son canapé. Il leur propose un café. Il leur pose des questions. Il écoute leurs réponses. Il apprend qu’ils habitent à Nantes, qu’ils sont professeurs, qu’ils aiment le cinéma, la musique, la littérature. Il apprend que son frère s’appelle Lucas, qu’il a 18 ans, qu’il est en terminale, qu’il veut devenir ingénieur. Il apprend que sa sœur s’appelle Léa, qu’elle a 15 ans, qu’elle est en seconde, qu’elle veut devenir médecin. Il apprend qu’ils ont des photos de lui quand il était bébé, qu’ils ont gardé ses dessins, ses jouets, ses souvenirs. Il apprend qu’ils ont essayé de le contacter plusieurs fois, mais qu’il ne répondait jamais. Il apprend qu’ils ont suivi sa vie sur Facebook, qu’ils ont vu ses publications, ses photos, ses vidéos. Il apprend qu’ils sont fiers de lui, qu’ils l’admirent, qu’ils l’envient.
Il apprend qu’il a une famille.
Il se sent ému. Il se sent touché. Il se sent heureux. Il se dit qu’il a peut-être fait une erreur en se coupant du monde. Il se dit qu’il a peut-être raté quelque chose d’important. Il se dit qu’il a peut-être une chance de se rattraper.
Il sourit. Il leur parle. Il leur raconte sa vie, ses passions, ses rêves. Il leur montre son appartement, ses affaires, ses collections. Il leur dit qu’il est content de les voir, qu’il est désolé de les avoir ignorés, qu’il est prêt à leur donner une seconde chance. Il leur dit qu’il les aime.
Il découvre qu’il a une famille.
Et tout ça, grâce à la panne mondiale de Facebook.
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